Lieu de connexion avec la nature, le jardin est le théâtre intime des éléments qui forgent le monde: les végétaux respirent à leur façon de l’air, qui, dans un souffle fait courber les tiges et les branches, onduler en douces vagues les graminées; l’eau tombée du ciel nourrit les plantes tantôt avec générosité, tantôt avec parcimonie; le feu du soleil réchauffe au cœur de l’hiver, couve tendrement les bourgeons au prémices du printemps; la terre enfin, la terre surtout, porte en elle tous les germes d’une nature en repose ou prête à éclore. Cette conjonction sacrée des quatre éléments est aussi à l’oeuvre au cœur de la nature sauvage. Mais au sein des jardins se greffe un cinquième élément: la main de l’homme. Celle qui discipline en douceur les folles herbacées et les vivaces insoumises pour créer des massifs harmonieux. Celle du concepteur qui, face à sa feuille blanche, trace les premières lignes d’un jardin, faisant passer dans son trait précis toutes sortes d’émotions indicibles, une poésie infinie ou un souvenir fugace traduit en senteurs et couleurs inédites.